Dziriya l’Algéroise

Auteur

Jérôme CERVERA

Dès sa tendre enfance, Jérôme s’est tourné vers les arts. D’abord illustratifs, après un bref rapide passage aux Beaux-Arts, c’est en entamant des études de communication visuelle qu’il découvre la photographie.

Une petite révélation, qui aboutira à faire naître en lui, une véritable vocation d’autodidacte. Durant les années suivantes, il n’aura de cesse de revisiter grâce à ce médium, les courants majeurs du 19ème siècle qui incarnent à ses yeux, la meilleure réponse à la déshumanisation de notre société.

Influencé par le Préraphaélisme anglais, l’Art nouveau et surtout par le Romantisme français et allemand, il explora jusqu’aux confins des Cévennes, les plus beaux sites naturels qui lui permirent de dépeindre un univers dans lequel la sensibilité et l’imagination relèvent du sacré.

Deux expositions photographiques personnelles verront le jour en 2007, toutes mises en scène dans des chapelles romanes, situées à Chateauneuf du pape et Castillon du Gard.

C’est également à cette période qu’il réalise que bon nombre d’artistes romantiques entamèrent de longues pérégrinations en Orient. Il fut fort étonné de constater que parmi ces grandes figures dont il admire le travail, certaines d’entre elles donnèrent vie à des chefs-d’œuvre après s’être inspirées des perles des cultures arabo-musulmane, perse ou indienne.

Lors d’un de ses voyages à Paris, il fut impressionné par l’exposition qui se tenait alors à l’institut du monde arabe sur le thème des Mille et une Nuits. Il fit vœu de créativité auprès du génie, et une première création inspirée par le conte d’Aladdin et la lampe merveilleuse illustra son premier souhait.

 

Au palais Ennejma Ezzahra, l’étoile de Vénus, à Sidi Bou Saïd en Tunisie., octobre 2015.

« Je forge le métal, mais c’est la passion qui au gré de mes recherches, me façonne. »

En 2013, après trois années de dur labeur, Jérôme aboutît le projet le plus ambitieux auquel il ait pu donner vie jusqu’à aujourd’hui. Une porte faite de métal et de verre qui donne accès à un monde où les frontières de l’occident et de l’orient se sont dissoutes dans l’essence de l’universalité.

Toujours avide de parcourir de nouveaux sentiers et de laisser grande ouverte, la fenêtre des influences, Jérôme se lance un nouveau défi. C’est une vraie déclaration d’amour qu’il adresse à l’Orient et qui cette fois-ci, prend corps dans un livre d’art mêlant dessins et écrits. Un ouvrage unique, tiré à 1001 exemplaires, mis en forme dans l’atelier de l’imprimerie Trace en juin 2015.

À la fin de cette même année, c’est lors d’un voyage sur Tunis qu’il s’émerveille devant les splendeurs que recèlent certaines demeures de Sidi Bou Saïd et de la Médina. Un séjour particulièrement enrichissant qui le conforta dans ses opinions et le motiva à développer de nouveaux projets.

En 2016, c’est vers l’Algérie qu’il s’envole pour découvrir les paysages de Kabylie, la beauté de la baie d’Alger. « J’essaie de construire une identité artistique aux apports culturels multiples, harmonisés, et qui soit propice, des deux cotés de la Méditerranée, à l’enrichissement mutuel.

De Casablanca à Beyrouth, le bassin méditerranéen constitue un réservoir de patrimoine culturel unique au monde. D’une diversité et d’une pluralité sans pareilles, nous nous devons d’être les dignes héritiers de ce legs.

Un nouveau projet de livre, Dziriya, inaugure l’année 2017. Plusieurs réalisations, toutes inspirées de la culture algérienne, et mêlant sculpture sur métal et vitrail, devraient suivre.

Comme l’écrivait Mohammed Dib, les valeurs sont l’unique horizon de l’homme.

 

https://jerome-cervera.com

 

Vue

Quel regard porte-t-on sur l'Algérie ? Aborder ce pays et ses relations avec la France ravive bien souvent la rancœur et les polémiques. Paysages grandioses pour les uns, terre d'amertume pour les autres, ce pays marqué par l'histoire et moult civilisations qui l'ont traversé ne laisse personne indifférent. On l'adore ou on le déteste, à l'image des Algériens qui, sans arrière pensée, vous adoptent ou vous rejettent tout aussi spontanément. Au-delà de savoir vers quel versant de ce sentiment ambivalent notre cœur va se tourner, on est en droit de se demander où se situe la vérité entre nos deux peuples. Que sait-on de cette culture au juste ? Pourquoi l'appréhension suscitée par ce pays continue-t-elle à agir comme un voile qui nous en détourne ? Ce désintérêt imbibé de dédain est-il encore justifiable aujourd'hui ? Ne doit-on pas réaliser que cela nous est préjudiciable de part et d'autre ? C'est à partir de ces interrogations que Jérôme Cervera a décidé de franchir le pas. Au fil de ces incessants séjours, il s'est découvert une véritable passion qu'il a tenté de restituer par le biais de cet ouvrage, auquel s'est joint le peintre Albert Woda pour l'édition française, et le dessinateur Chafik Kadi pour l'édition algérienne. A travers les yeux d'un artiste venu en dilettante, nous découvrons Alger sous un angle particulièrement onirique et d'une grande sensibilité. De son arrivée sur la plage de Sidi Fredj jusqu'à la mythique Casbah où l'attend le Dey dans son palais, tout devient prétexte à l'émerveillement et à laisser agir les charmes de la fille du suzerain... Seule une culture d'humanité perpétuée entre les deux rives de la Méditerranée pourra abjurer les malheurs qui nous ont frappés, nous assure l'auteur.

Extrait

« Nous gravîmes une volée de marches pour arpenter le chemin de ronde qui surplombe toute la médina. De nuit, il prend des airs de terrasse. Il faisait doux, l’atmosphère avait été assainie par cette journée orageuse. En m’approchant des créneaux du rempart, je sentis ces bouffées tièdes qui en affluant de la mer, nous frôlaient le visage. Une sensation tellement agréable, qu’elle ne pouvait être que divine.

Nous jouissions d’une vue imprenable, et j’embrassais la Casbah avec un regard circulaire de telle sorte à ce qu’elle s’imprégnât durablement dans ma mémoire. La clarté lunaire accentuait les impressions féeriques qui s’inspiraient à nous. Campés là, plongés dans un mutisme méditatif, nous étions subjugués.

L’enchevêtrement des maisons est tel qu’il était impossible d’apercevoir les venelles enfouies au sein de cette fourmilière. C’est à peine si on pouvait en deviner le tracé car aucune n’était rectiligne.

On percevait le ressac des flots marins, sur le rythme duquel la ville semblait avoir calqué sa respiration. On entendait également, les clameurs qui nous parvenaient de certaines douirates. La médina dans son ensemble, s’apparentait à une multitude de chaudrons dans lesquels il n’était pas permis de voir le contenu. Une lumière rousse avivait la surface des patios.

Quelques nuages s’effilochaient, à l’image d’un coussin dont la plumette duveteuse s’échappe pour voleter à nouveau librement dans les airs. Etait-ce la faute des conifères qui veillent sur le mausolée de Sidi Abderrahman ou des mâts des navires ? Avec leur silhouette sombre et acérée, ils découpaient le ciel en dents de scie.

 

Au loin, beaucoup plus loin, l’horizon s’illuminait comme un territoire enchanté sur lequel l’astre de la nuit déversait une coulée d’argent… »

 

Légal

ISBN : 978-9931-9428-2-5

DL : décembre 2018